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THEATROTHEQUE : Sébastien Azzopardi


THEATROTHEQUE : Sébastien Azzopardi
ENTRETIEN : Sébastien Azzopardi, "condamné à faire rire !"
Sébastien Azzopardi est à l'affiche dans l'adaptation du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Cette comédie survoltée qu'il a co-écrite avec Sacha Danino compte parmi les grands succès parisiens du moment : la pièce a déjà été jouée plus de mille fois ! Rencontre avec un artiste bourré d'humour... et de talent.

© M. Servole
© M. Servole
Sébastien Azzopardi, vous avez écrit avec Sacha Danino, deux pièces Le Tour du monde en 80 jours (une adaptation de l'œuvre de Jules Verne) et Mission Florimont. Comment vous êtes-vous connus ?
"Sacha et moi nous connaissons depuis l'âge de 10 ans, mais nous sommes vraiment devenus amis au lycée Henri IV quand nous avions 15 ans. A ce moment-là, nous ne pensions pas conquérir les planches théâtrales ensemble, en revanche, nous aurions bien aimé conquérir des comédiennes ! C'est pour cette raison que j'ai commencé à jouer de la guitare et lui de la batterie. Et nous avons eu un succès sans précédent... et sans suite également, pour le grand bonheur des musicologues du monde entier ! Nous avons dû nous reconvertir, et nous avons ouvert une crêperie à Perros Guirec, un triomphe ! Et c'est là que nous avons lancé la fameuse formule, "Pour deux crêpes achetées, la troisième est payante !". Et puis, malheureusement pour la Bretagne, nous nous sommes tournés vers des horizons plus vils. Tandis que je commençais à prendre des cours de théâtre, Sacha se dirigeait vers le journalisme. Et puis, lorsqu'il a fallu trouver un auteur pour travailler avec moi sur le Tour du monde que je ne voulais pas faire seul, car j'ai peur des voyages, je me suis tourné sur mon compagnon de galette, Sacha Danino. A ce moment-là, il était alcoolique, sa femme l'avait quitté et il devait un gros paquet de blé à deux-trois mecs bien louches à Pigalle. Je me suis dit : "Seul le théâtre peut le tirer d'un tel pétrin !"."

Et c'est là que vous avez commencé à écrire ensemble ?
"Oui. Nous pensions composer une symphonie pastorale. Quelle fut notre surprise, et notre déception, lorsque nous avons entendu, le soir de la première, le public hurler de rire. Nous pensions être des poètes maudits, des auteurs foutus, incompris. Nous étions au bord du gouffre. Et nous avons touché nos premiers droits d'auteur... Là, immédiatement, nous avons pensé que la comédie avait du bon, ça a fait comme un flash. C'est alors que nous avons déclaré à tout le monde que nous étions des auteurs comiques. Nous avons voulu changer de registre avec Florimont, faire une tragédie épique, de nouveau la salle hurle de rire ; et de nouveau, les droits d'auteurs nous ont permis de ravaler notre dignité. Il a fallu nous rendre à l'évidence, nous ne sommes pas des tragiques. C'est notre drame, et nous vivons avec."

A 35 ans, vous avez été nommé plusieurs fois aux Molières, dont, cette année, pour la meilleur pièce comique avec Mission Florimont. Vous êtes un peu le benjamin des Molières ? Quelle impression cela fait-il ?
"Non, je suis le Sébastien des Molières ! Sacha, quant à lui, est le Patricia des Césars et le Jean-Michel des Golden Globes ! La première nomination, c'était pour mon adaptation des Dix Petits Nègres d'Agatha Christie. J'avais 25 ans, j'étais le mini-Sébastien des Molières, tout le monde m'appelait comme ça. J'étais là, au milieu de tous les vieux qui sont habituellement récompensés et je me demandais ce que je faisais là, si je n'avais pas volé ma place. Et puis fort heureusement, c'est un beaucoup plus vieux que moi qui a eu la récompense, j'étais soulagé. La deuxième fois, c'était cinq nominations pour mon spectacle L'Eventail de Lady Windermere et là encore, les récompenses sont allées à beaucoup plus vieux et plus riches que moi. Tout est dans l'ordre. Là, pour Florimont, je commençais à vieillir un peu, à devenir un habitué des nominations, je pensais peut-être recevoir la carte Vermeil de la profession, et puis non, c'est Eric Métayer qui l'a eue, un mec pas trop vieux, j'étais écœuré : ils n'ont pas trouvé plus vieux que ça ? Pourquoi prendre quelqu'un qui est encore dans la force de l'âge, qui porte beau et qui n'a pas de problème de mémoire ? J'étais déçu, vraiment déçu. Mais, je continue de vieillir, peut-être qu'un jour, on s'apercevra que ça fait longtemps que je suis là."

Du 8 au 31 juillet, c'était le festival d'Avignon. Aucune de vos pièces n'y était à l'affiche. Pourquoi ce choix?
"Avignon, c'est un festival unique au monde, c'est un public de connaisseurs, d'amoureux du théâtre, ce sont des dizaines de potes qui s'amusent pendant un mois à jouer tous ensemble, à défendre des projets ambitieux qui portent haut les couleurs de la profession. Avignon, c'est l'art dramatique le plus divers, le plus varié. C'est l'origine du Théâtre, des planches, un texte et des acteurs. Eh bien... très peu pour moi ! Je reste à Paris quand la capitale est vide."

Pour finir, quels sont vos projets ?
"Mon projet, c'est de battre Nicolas Sarkozy à la prochaine présidentielle ! Ambitieux, me direz-vous ? Certes, mais ça vaut le coup d'essayer. Peut-être qu'en voyant notre prochain spectacle (pas avant un an), le public aura la révélation. On aura un an pour convaincre. Le temps de la campagne. Ce sera une pièce policière. Avec de la comédie, puisque nous y sommes condamnés. Nous n'avons pas encore le titre, pas encore le théâtre, mais ce sera avec la troupe du Tour du Monde. C'est une pièce qui a cartonné aux USA et que nous ramenons en douce France, avec Sacha Danino. Chut, on ne l'a pas déclarée à la douane !"

Julia TEROM - 29/07/2010



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