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FOUS DE THEATRE : La dame blanche


Temple du rire, le Palais-Royal relève le défi du thriller paranormal rigolo…

Si les spectacles qui font “glagla“, “Hiiiiii !“, “Argggh !“ ou encore “Gloups !“ s’avèrent relativement monnaie courante à l’étranger et recueillent de francs succès (“La Dame en Noir“ affiche par exemple complet depuis 25 ans à Londres…), le genre, assez délicat à manier, n’a guère droit de cité sur les scènes hexagonales. Constatant cette carence de propositions, le duo Sébastien Azzopardi–Sacha Danino (“Le Tour du Monde en 80 jours“, “Mission Florimont“, “Coup de Théâtres“…) toujours en quête de nouvelles expériences a décidé de tenter l’aventure, s’attaquant à la chose avec l’humour et l’espièglerie qu’on lui connaît. Donnée au Palais-Royal, La Dame Blanche (sans rapport avec la noire sus-évoquée) prend la forme d’une comédie au départ réaliste, virant au cauchemar surnaturel pour son héros, haletante et gentiment flippante, truffée d’effets spéciaux, très efficacement interactive, emmenée par une équipe de zygotos ravis de provoquer quelques sensations théâtrales inédites à un auditoire qui en redemande. De Tata Claudette aux bobos parisiens, en passant par le rédacteur de ces lignes, tout le monde sort enthousiaste d’un divertissement original, fédérateur et de qualité.
© Emilie Brouchon
© Emilie Brouchon

Sur l’histoire, afin de ménager le suspense, nous nous attarderons peu. Pitchons succinctement. Apprenant la grossesse de son épouse, Malo, quadra gendarme, décide de quitter sa maîtresse. L’issue un brin “contrariante“ de la scène de rupture constituera le point de départ du calvaire enduré par le personnage principal…

Personnel d’accueil fantomatique en robe de bure, brouillard envahissant la salle, nappe sonore angoissante, créatures zombiesques surgissant de derrière les portes… A peine le spectateur a-t-il franchi l’entrée de l’établissement de la rue Montpensier que le ton est donné. Là encore, difficile d’aller plus avant dans l’évocation de la soirée tant la surprise a son importance. Qu’il suffise au futur visiteur de savoir qu’une fois assis, serial killers, esprits démoniaques, flics hystériques ou objets divers pourraient bien surgir des bois sans crier gare, lui tomber dessus (même en milieu de rang !), et la météo faire des siennes (penser au parapluie…).
© Emilie Brouchon
© Emilie Brouchon

Incontestable prouesse technique, la production multipliant décors, illusions d’optique, tours de magie, s’appuie sur un script solidement bâti, aux dialogues amusants que les neuf artistes-interprètes déroulent à un rythme cinématographique effréné. A commencer par Arthur Jugnot, agent de l’état passant un sale quart d’heure, pour qui la représentation tient du marathon pur. Chapeau. Le jeu de chacun mérite sans doute encore d’être affiné, précisé, renforcé, mais ce sont les premières… Gageons que d’ici huit jours tous auront trouvé le juste équilibre. Double rôle joliment tenu par l’exquise Anaïs Delva. Excellentes compositions de Michèle Garcia et Benoît Tachoires en ruraux pas très nets, angoissants à souhaits. Réjane Lefoul, Emma Brazeilles et Sébastien Pierre ne déméritent pas non plus.

Pari réussi, donc, pour le Palais-Royal et son jeune directeur-auteur-metteur en scène qui prennent intelligemment leurs distances avec les sempiternels boulevards et devraient attirer de la sorte quantité de nouveaux spectateurs.
© Emilie Brouchon
© Emilie Brouchon

Thomas Baudeau / Le 19 septembre 2015 / Fous de théâtre



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