CRITIKATOR : La dame blanche


La Dame blanche, au Théâtre du Palais-Royal

Fan-tas-tique !!! Quel formidable moment on passe au théâtre du Palais-Royal ! La Dame blanche est LA pièce à voir absolument…
On est mis dans l’ambiance dès notre entrée dans le théâtre. Et ça continue lorsque nous sommes dans la salle… C'est-à-dire qu’avant même que le rideau se lève, nos nerfs titillés, nous sommes déjà conditionnés.

Délicat de parler de cette pièce sans en révéler tout ce qui en fait l’originalité. Tout y est mis en œuvre pour nous faire délicieusement frissonner. Y compris la musique qui ajoute au climat angoissant. Et puis, quelle inventivité dans la mise en scène et les effets spéciaux !
Les décors sont superbes. Comme ils sont pivotants, ils permettent de déplacer l’action en une fraction de seconde, donnant ainsi un rythme soutenu au déroulé de l’intrigue. La forêt est particulièrement inquiétante.

Grand lecteur de thrillers, je puis vous affirmer que celui-ci est remarquablement construit et bien ficelé. Son scénario, machiavélique à souhait, nous tient en haleine de la première à la dernière seconde. Tous les événements extérieurs surnaturels qui surviennent, ont pour but, non seulement de nous effrayer ou de nous surprendre, mais aussi de nous projeter dans la tête du héros, de nous faire partager ses cauchemars et comprendre le remords qui le ronge.
Ce héros, parlons-en. Arthur Jugnot accomplit dans cette pièce une performance exceptionnelle. Il est de tous les plans. Pris qu’il est dans un écheveau inextricable, il vit des situations terrifiantes. Impossible pour lui de se cantonner dans la demi-mesure. Il faut qu’il soit à fond en permanence, complètement investi. C’est un rôle fort, prenant, épuisant, jouissif. Un rôle comme on en voit au cinéma. Un rôle qui cumule un suspense digne d’Hitchcock et le gore de Brian de Palma.
© Emilie Brouchon

N’insistez pas, je n’en dirai pas plus. Sachez néanmoins que la jeune femme qui se tenait devant moi ne cessait de faire des sauts de cabri sur son siège en poussant des petits cris d’effroi tant elle vivait certaines scènes et que, tout autour, les rires francs et jubilatoires succédaient aux rires nerveux. Le spectateur est littéralement pris à la gorge. Et à partie aussi car l’action déborde parfois du cadre de la scène pour se poursuivre dans la salle…

Si l’on est autant captivé c’est que l’histoire concoctée par le tandem Azzopardi/Danino est remarquablement écrite. Et si on est aussi accaparé par cette intrigue diabolique, pleine de rebondissements et d’effets visuels saisissants, c’est qu’elle est servie par une bande de comédiens réellement habités par leurs personnages. Tous… J’ai déjà dit combien la performance accomplie par Arthur Jugnot était prodigieuse. Mais s’il peut se montrer aussi convaincant dans le rôle de Malo, c’est que chacun de ses partenaires lui donne une réplique impeccable. Anaïs Delva et Réjane Lefoul, dans des registres très différents, sont parfaites. Sébastien Pierre, dans le rôle du collègue-ami apporte une note de fantaisie indispensable. Quant à Michèle Garcia et Benoît Tachoires, ils sont tout simplement époustouflants.

Très sincèrement, si vous aimez ressentir la peur sans vous sentir en danger (quoi que…), si vous aimez frissonner d’aise dans l’abri de votre fauteuil, si vous aimez être plus surpris que ce à quoi vous vous étiez préparés, si vous aimez rire de plaisir, soupirer de soulagement et partager avec vos voisins et les comédiens d’exquises sensations d’insécurité, précipitez-vous toute affaire cessante au théâtre du Palais-Royal. Vous ne serez vraiment pas déçus.

Gilbert « Critikator » Jouin / 28 septembre 2015 / Critikator


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