T T Le Tour du monde en 80 jours : L’amoral est sauf
Comment adapter en une heure quinze sur une simple scène de théâtre - et avec cinq acteurs - l’infernal récit de voyage aux mille rebondissements et trente-neuf personnages ? En le trahissant. Sébastien Azzopardi et Sacha Danino y sont parvenus avec éclats. Bien sûr, ils se sont emparés du roman le plus picaresque et savoureux du maître, Le Tour du Monde en 80 Jours (1873).
À la délirante logique de Jules Vernes, Sébastien Azzopardi et Sacha Danino ont préféré la cocasserie de ses caractères – le maître anglais, le valet parigot. Ils ont joué avec ironie de ses clichés et préjugés pour concocter une commedia dell’ arte bon enfant en une dizaine de tableaux. Et l’on redécouvre soudain grâce à eux l’humour du romancier, sa liberté. En ne s’attachant qu’à ce qui pouvait sembler anecdotique, en le stylisant comme pour un théâtre de foire ou de marionnettes, le duo nous rend paradoxalement le sel et la poésie joliment désabusée de l’œuvre.
Mais rien ne leur aurait été possible sans un quintette d’acteurs spirituels et survoltés (mention spéciale à Romain Canard) ; avec eux, revenir à Jules Vernes devient goûteux plaisir, qu’on pourra même, une fois n’est pas coutume, déguster en famille.
Critique de Fabienne Pascaud
Télérama n°2942 – 31 mai 2006
Comment adapter en une heure quinze sur une simple scène de théâtre - et avec cinq acteurs - l’infernal récit de voyage aux mille rebondissements et trente-neuf personnages ? En le trahissant. Sébastien Azzopardi et Sacha Danino y sont parvenus avec éclats. Bien sûr, ils se sont emparés du roman le plus picaresque et savoureux du maître, Le Tour du Monde en 80 Jours (1873).
À la délirante logique de Jules Vernes, Sébastien Azzopardi et Sacha Danino ont préféré la cocasserie de ses caractères – le maître anglais, le valet parigot. Ils ont joué avec ironie de ses clichés et préjugés pour concocter une commedia dell’ arte bon enfant en une dizaine de tableaux. Et l’on redécouvre soudain grâce à eux l’humour du romancier, sa liberté. En ne s’attachant qu’à ce qui pouvait sembler anecdotique, en le stylisant comme pour un théâtre de foire ou de marionnettes, le duo nous rend paradoxalement le sel et la poésie joliment désabusée de l’œuvre.
Mais rien ne leur aurait été possible sans un quintette d’acteurs spirituels et survoltés (mention spéciale à Romain Canard) ; avec eux, revenir à Jules Vernes devient goûteux plaisir, qu’on pourra même, une fois n’est pas coutume, déguster en famille.
Critique de Fabienne Pascaud
Télérama n°2942 – 31 mai 2006